La lettre d’Attac – Tous terroristes ? Mobilisons nous pour dire non au projet de loi sur le renseignement !

Lettre d’information 29 avril 2015

Le changement social exige une remise en cause de l’ordre établi. Les mouvements sociaux ont créé mille façons d’exprimer cette remise en cause : l’éducation, la dénonciation, les manifestations, la grève, les blocages et toutes les formes de désobéissance civile. La surveillance de masse met gravement en danger notre liberté de contester et de changer le système : surveillance en amont et répression en aval sont les deux faces d’un système cadenassé.

Le projet de loi relatif au renseignement que le gouvernement est en train de faire adopter, au forceps, par le parlement permettra aux services de renseignement de déployer leurs outils de surveillance pour des raisons dépassant largement la « lutte contre le terrorisme » : sécurité nationale, politique étrangère, pour la prévention des violences collectives ou pour défendre les « intérêts économiques, scientifiques et industriels majeurs » de la France. Soit l’instauration de dispositifs de surveillance massifs et généralisés des citoyen⋅ne⋅s, et ce s ans véritables contre-pouvoirs.

Pour la liberté de contester, Attac est ainsi signataire de l’appel « Non à la surveillance généralisée ! » initié par Observatoire des libertés et du numérique, et appelle à un large rassemblement le 4 mai à la veille du vote, notamment à Paris. L’instrumentalisation du terrorisme visant à faire reculer nos libertés doit cesser !

Actualité

Adhérez à Attac et recevez Les Naufragés du libre-échange

jeudi 30 avril 2015, par Attac France

En négociant des accords de libre-échange, l’Union européenne, les États-Unis et le Canada veulent donner aux multinationales le pouvoir de défaire les règles sociales et écologiques. Ce coup de force mettrait la démocratie sous tutelle de part et d’autre de l’Atlantique. En effet, nos États choisissent délibérément de se soumettre à des mécanismes, tels l’arbitrage privé ou la coopération réglementaire, qui font prévaloir la protection des « investisseurs » sur l’intérêt général.

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En 2015, mobilisons-nous contre le changement climatique !

jeudi 16 avril 2015, par Coalition Climat 21

Alors que la France accueille la conférence des Nations Unies sur le climat en décembre 2015, plus d’une centaine d’organisations de la société civile se mobilisent au sein de la Coalition Climat 21. L’objectif : contribuer à un rapport de force favorable à une action climatique ambitieuse et juste, et à la transformation durable des politiques publiques afférentes.

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Non à la surveillance généralisée ! Rassemblement contre le projet de loi renseignement

Le 5 mai, les députés sont appelés à voter le projet de loi renseignement. Les débats ont eu lieu du 13 au 16 avril dans le cadre de la procédure d’urgence. A l’issue de cet examen, le texte soumis au vote consacre un dispositif liberticide, qui expose tous les citoyens à la surveillance des services de renseignement, quasiment sans contrôle, et met en danger toutes les mobilisations sociales et politiques.

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Radio France, c’est comme pour Syriza, d’abord tu acceptes 380 licenciements, et après on discute.

jeudi 30 avril 2015, par Bruno Knez, Dominique Plihon

Bruno Knez et Dominique Plihon, membres du CA d’Attac, ont été associés à la lutte des grévistes de Radio France. Voici comment les arguments budgétaires ont été utilisés par les autorités, avec la plus grande mauvaise foi, pour déstabiliser les grévistes.

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Attac appelle à participer au lancement du magazine Demain en mains

jeudi 30 avril 2015, par L’Âge de faire

L’emprise des médias mercantiles stérilise les désirs de changement, pousse à la surconsommation, abêtit en réduisant à néant beaucoup de possibilités d’émancipation. Et les silences complices banalisent la corruption, les paradis fiscaux et autres formes d’enrichissements délirants.

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Campagnes

Cinq raisons de lire Les Naufragés du libre-échange

jeudi 30 avril 2015, par Attac France

La mobilisation citoyenne contre les accords de libre-échange s’amplifie. Pourtant, la Commission européenne et le gouvernement français ne répondent pas sur le fond. Notre nouveau livre, « les Naufragés du libre-échange, de l’OMC au TAFTA » approfondit notre travail d’analyse et de mise en avant de propositions alternatives, afin d’étendre l’implication et la pression citoyennes.

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Un mouvement climatique sans précédent

jeudi 30 avril 2015, par Attac France

Du 30 novembre au 11 décembre 2015, la France accueille, au Bourget, la 21e Conférence sur le changement climatique. Ces négociations doivent être l’occasion de mettre l’ensemble des gouvernements et collectivités devant leurs responsabilités et leurs contradictions. Au-delà des discours et des engagements rarement suivis d’effets, des politiques de transition écologique et sociale doivent s’enclencher à tous les niveaux : international, régional, national et local.

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Pour une Europe plus juste, neutralisons les sociétés écrans

jeudi 30 avril 2015

Les sociétés écran sont des sociétés fictives créées pour dissimuler les transactions financières d’autres sociétés. Elles favorisent la dérégulation financière, la fraude et l’évasion fiscale et le développement de la criminalité organisée.
L’initiative citoyenne européenne (ICE) que nous vous invitons à signer a pour objectif de consacrer l’obligation de transparence des sociétés et des trusts afin de mettre un terme au contournement des règles sociales, fiscales, financières au moyen des sociétés écrans.

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Boat-people en Méditerrannée : le monologue européen

Ils sont, ils étaient, ils seront des centaines, des milliers, des centaines de milliers à partir pour ne jamais arriver. Et comme d’habitude, après le temps de l’émotion et de l’indignation viendra celui de l’oubli et de l’indifférence. Ils sont, ils étaient, ils seront tous oubliés parce que des politiques économiques inégalitaires et assassines continueront à secréter le chômage et la pauvreté de masse, les conflits armés et le réchauffement climatique.

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Agenda

1 000 initiatives pour le climat !

mercredi 29 avril 2015, par Coalition Climat 21

Un objectif ambitieux ? Oui bien sûr, mais tout est mis en œuvre pour l’atteindre et donner le coup d’envoi de la mobilisation en dénonçant les responsables du changement climatique et en appelant à une transformation radicale de nos modèles de développement.
Coté Attac, nous appelons tous nos militant.e.s et sympathisant.e.s à contribuer à la préparation des initiatives locales en ciblant plus particulièrement le requin Total qui tiendra son assemblée générale annuelle le 29 mai à Paris.
Dans cet article, l’appel et le kit de mobilisation contenant 7 fiches pratiques pour préparer au mieux les actions.

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Multimédia

Le 18 avril : journée mondiale d'action contre les accords de commerce (...)

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Le 18 avril : journée mondiale d’action contre les accords de commerce et d’investissement

Tout peut changer, capitalisme et changement climatique

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Lignes d'Attac no 101

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Joyeux Bordel : Tactiques, Principes et Théories pour faire la (...)

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Joyeux Bordel : Tactiques, Principes et Théories pour faire la Révolution

Osons rester humain

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Le business est dans le pré

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Le business est dans le pré

Communiqué Collectif Romeurope Agglomération nantaise

Un important déploiement de forces de l’ordre ce matin du 29 avril,  pour jeter plus de  300 personnes dont 40% d’enfants hors des 2 terrains qu’elles  occupaient depuis plusieurs mois,  quai Cormerais à Saint-Herblain.
Une fois de plus, le collectif Romeurope de l’agglomération nantaise dénonce la politique violente et discriminatoire menée par le préfet d’une part, et par Nantes Métropole d’autre part, à l’encontre des migrants, roumains pour la plupart, qui vivent dans de nombreux bidonvilles sur le territoire de l’agglomération nantaise.

Depuis des mois, notre collectif interpelle en vain les autorités pour qu’une table ronde réunissant tous les acteurs se tienne afin de sortir par le haut d’une situation qui maintient des personnes dans une situation d’indignité.

Dernièrement, nous avons écrit à la présidente de Nantes Métropole au sujet du PLUM (Plan Local d’Urbanisme Métropolitain) pour demander que des terrains soient réservés pour ces habitants, afin qu’ils se stabilisent, se sécurisent et puissent construire des projets de vie, ici ou en Roumanie. Aucune réponse.

Un certains nombre de ces personnes travaillent, les enfants sont scolarisés, un suivi sanitaire est assuré. Tout ceci est remis en cause par cette expulsion alors que  nous savons tous qu’ils vont rester, juste un peu plus loin, juste ailleurs, et que les progrès vers une insertion seront une fois de plus mis en péril…

C’est pourquoi nous demandons la tenue rapide  d’une table ronde avec  des élus de l’agglomération nantaise afin que des solutions cohérentes puissent enfin être mises en place.

Communiqué LDH : « Morts en Méditerranée. La honte de l’Europe »

Communiqué Ligue des droits de l’Homme

Paris, le 24 avril 2015

Morts en Méditerranée

La honte de l’Europe

Les résultats du Conseil européen qui s’est tenu le 23 avril 2015 ne peuvent que susciter la colère. Une fois de plus, l’Union européenne se refuse à traiter la question des migrants et des réfugiés sous un autre angle que celui d’une forteresse qui serait assiégée par des hordes d’étrangers, tout en versant de chaudes larmes sur ces pauvres victimes des passeurs. Nier ainsi la responsabilité essentielle de l’Europe dans ce scandale, c’est faire preuve de cynisme et d’hypocrisie. Dans ce concert, la France a pris toute sa place en se bornant à promettre de recevoir quelques centaines de réfugiés syriens.

En se contentant de mesures quantitatives, même si elles sont utiles, en ne changeant pas de politique migratoire, en refusant de mettre en œuvre les moyens nécessaires à l’accueil des réfugiés, en donnant le pitoyable spectacle d’un manque de solidarité et de pays cherchant à en faire moins que le voisin, l’UE adresse au monde un terrible message : continuez à mourir chez vous ou en mer, l’UE sera là pour assurer le service mortuaire.

Les Européens peuvent avoir honte de leurs gouvernements, les Français en particulier.

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138 rue Marcadet – 75018 Paris

Tél. 01 56 55 51 00 – Fax : 01 42 55 51 21

www.ldh-france.org

Réseau Salariat Pays de la Loire – Réunion le 28 mai

Le Réseau Salariat (http://www.reseau-salariat.info/?lang=fr) en Pays de la Loire s’organise. Depuis début janvier, angevins et nantais se réunissent pour échanger sur les idées du Réseau, partager nos connaissances et se préparer ensemble pour agir lors de divers événements.
La prochaine réunion est prévue sur Angers le jeudi 28 mai à partir de 19h30. Le lieux retenu pour le moment est la Bourse du travail, il reste a confirmer la réservation d’une salle. Nous souhaitons accueillir un maximum de personnes, que vous soyez simple sympathisants, ou si vous avez des amis curieux nous vous recevront avec plaisirs pour discuter.
D’autres réunions auront lieux, nous essayons de tenir le rythme d’une réunion par mois, celle du mois de juin devrait se tenir sur Nantes.

SNES – le nouveau site est arrivé…

Le site internet de la section académique a été totalement refait : www.nantes.snes.edu

En cette période où les personnels du second degré ont particulièrement besoin d’être défendus et entendus, nous souhaitons que ce nouveau site soit un outil pour l’action syndical, pour la défense et l’information des personnels, pour l’animation de la vie syndicale dans l’académie.
Nous vous invitons donc à le visiter et à nous faire part de vos commentaires, remarques ou suggestions à l’adresse suivante : webmestre@nantes.snes.edu

Pour la section académique.

Réforme du collège: « construire des cabanes ne va pas apporter aux élèves une culture solide »

Propos recueillis par Alexandre Coste, Marianne
Pour Véronique Marchais, professeur de lettres, la réforme des collèges est loin d’être à l’image de la communication ministérielle: démagogique, idéologique, elle favoriserait la déstructuration des apprentissages et augmenterait les inégalités entre les établissements scolaires eu lieu de les gommer…

Marianne : Le projet de réforme du collège de Najat Vallaud Belkacem, adopté par le COnseil supérieur de l’Education, concerne simultanément les programmes, les pratiques d’enseignement et l’organisation pédagogique. Quel est votre avis sur cette réforme  ?
Véronique Marchais : ce qui me gêne énormément, c’est qu’on recommence ce que l’on a déjà fait en 2002 avec la création des Itinéraires De Découverte par Jack Lang. C’est-à-dire, au nom des vertus supposées de l’interdisciplinarité, qui restent pourtant à démontrer, prendre sur les horaires des disciplines pour financer les Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI).

Vous ne voyez pas d’un bon œil l’interdisciplinarité ?
C’est très bien, l’interdisciplinarité, mais en tant que complément des apprentissages. Et c’est quelque chose que beaucoup de professeurs pratiquent déjà, nous n’avons pas besoin qu’on nous force la main avec un cadre institutionnel comme celui-là. Je crois que je n’ai jamais vu un établissement scolaire qui n’ait pas quelques projets interdisciplinaires. Mais c’est en fonction de la volonté des professeurs, et également des opportunités qui se présentent. Cela fonctionne parce que c’est un lieu de réinvestissement des apprentissages. Là où c’est dévalué, c’est quand on imagine que ça peut être un lieu d’apprentissage des fondamentaux. Pour reprendre des exemples cités par le ministère, filmer un match de handball ou construire une cabane dans la cour de récréation, ce n’est pas ce qui va apporter aux élèves une culture solide ou leur permettre de développer une réflexion méthodique sur la langue.

Quels sont les autres autres points que vous rejetez dans cette réforme ?
Ce qui me met très en colère, c’est que la communication ministérielle est fondée sur un mensonge énorme. Depuis le début, on les entend répéter « On ne touche pas aux horaires disciplinaires. » une simple addition du nombre d’heures disciplinaires par niveau, à partir des chiffres publiés par le Ministère lui-même, vous montrera que le compte n’y est pas : Le total ferait 26 heures en Sixième, or, il n’est fait mention que de 23 heures + 3 heures d’EPI. Celles-ci sont donc bel et bien retirées aux disciplines. La communication, qui s’ingénie à faire croire le contraire, relève d’un tour de passe-passe digne des plus vils bonimenteurs.

Ce qui caractérise ces programmes, c’est une complète déstructuration des apprentissages, notamment avec ces histoires de « cycles»

Quelles seront matières qui se retrouveront amputées d’heures de cours ?
Toutes les disciplines vont souffrir de ces coupes, en particulier les disciplines dites fondamentales, car elles sont les seules à disposer d’assez d’heures -ce qui est déjà relatif…- pour en « donner » aux EPI. Et l’on va s’étonner ensuite de nouveaux effondrements… Le collectif « Sauver les Lettres » a fait depuis longtemps le compte des heures de cours de Français : c’est substantiel. Et l’on va continuer de creuser… Nous sommes obligés de faire des coupes franches dans les programmes. On ne peut pas enseigner les mêmes choses avec beaucoup moins d’heures. Et ce qui caractérise ces programmes, selon moi, c’est une complète déstructuration des apprentissages, notamment avec ces histoires de « cycles ».

C’est-à-dire ?
Nous allons pouvoir distribuer les éléments du programme selon notre bon vouloir. Pour le cycle 3, qui va du CM1 à la 6e, on peut traiter tel point indifféremment en CM1 ou en 6e. Même chose pour le cycle 4, on peut répartir les points du programme en 5e, en 4e ou en 3e, comme on le souhaite… C’est aux équipes pédagogiques de le décider.

Quels sont les effets pervers de ce système ?
C’est un système qui est en place dans le primaire depuis quelques années déjà, et cela a des conséquences très simples. Je vais prendre un exemple personnel. Dans l’école de mon fils, lorsqu’il était en CM1, il avait été décidé que le Moyen Âge serait traité en CM2 et puis Louis XIV, la Révolution française et le Siècle des Lumières en CM1. Ce n’était pas un ordre chronologique, c’est bizarre mais c’était comme ça. Nous avons déménagé à la fin de son année de CM1. Mon fils a intégré une autre école et eux faisaient les choses dans l’autre sens. Il n’a ainsi jamais étudié le Moyen Âge ! Donc cela crée des différences entre les écoles et ça déstructure complétement les apprentissages. Je trouve absurde d’étudier la monarchie absolue quand on n’a pas étudié le Moyen Âge auparavant, et qu’on ne peut pas comprendre en quoi Louis XIV est un roi différent de ses prédécesseurs.

Donc selon vous, ce procédé d’apprentissage, contrairement à ce que prétend Najat Vallaud-Belkacem, favorise en réalité les inégalités entre les établissements scolaires ?
Oui. Et il y a une autre chose qui favorise grandement les inégalités, et là je vais parler pour le français, c’est un retour au relativisme le plus total dans les « œuvres » étudiées au collège. On ne nous demande plus d’aborder de grands auteurs, ni d’instruire sur les différents courants littéraires : à la place, nous devons composer avec des thèmes. Depuis presque 20 ans que j’enseigne, j’en ai vu passer des réformes… Mais c’est la première fois que je vois un programme de français qui ne mentionne aucune œuvre littéraire, aucun mouvement littéraire, et aucun auteur. On ne parle pas de La Fontaine, de Molière, de Victor Hugo…

J’espère qu’un certain nombre de collègues vont résister à cette démagogie

Les œuvres et les auteurs à étudier sont donc laissés au choix du professeur…
Voilà. Mais je vais vous dire entre quoi et quoi il a le choix. Nous avons des thèmes à traiter, ce qui déjà, en soi, est complétement réducteur, dont je vais vous donner quelques exemples : « Se chercher, se construire », « Vivre en société », « Agir sur le monde »… je vais pas tous vous les décliner, c’est particulièrement fastidieux. Cela conduit à « forcer » les textes, ce qui n’est pas du tout formateur du point de vue de l’approche littéraire. Impossible de découvrir toute la richesse des œuvres en procédant ainsi. Et en fait de richesse des œuvres, d’ailleurs, je vais vous prendre l’exemple des thèmes « Vivre ensemble » ou « Agir sur le monde » : ça mélange théâtre, romans, récits autobiographiques, correspondances, presse, films, fictions audiovisuelles (autrement dit séries télévisées, c’est de ça qu’on parle), épopées, bédés, comics, arts numériques… C’est d’une démagogie totale ! Alors j’espère qu’un certain nombre de collègues vont résister à cette démagogie. Mais vous imaginez bien que la résistance ne sera pas la même dans un collège de centre-ville, où les parents sont quand même attentifs aux contenus que l’on délivre aux élèves, et un collège comme le mien, ou plusieurs collègues disent déjà : « De toute façon ils ne comprennent rien, autant leur faire faire du slam et étudier Booba. »

Vous mentionnez Booba. C’est une culture que les élèves ont déjà. Ils ne vont donc rien découvrir…
C’est ce que je crains. Cette démagogie, elle tend à enfermer dans ce qui est déjà l’univers des élèves au lieu de les amener à un monde commun par une culture commune et universelle. Il y a une espèce de suspicion qui est jetée d’un seul coup sur la culture, qui est censée être un truc d’élites, générateur d’inégalités. Mais ce qui génère de l’inégalité, c’est justement de ne pas y accéder ! L’école a pour mission de faire accéder à ce monde commun, il ne s’agit pas d’y renoncer… Je trouve ça absolument scandaleux.

« L’interdisciplinarité c’est sympa et en plus ça permet des gains financiers énormes »

Cette réforme est-elle idéologique ?
On a effectivement des idéologues, ces « spécialistes en sciences de l’éducation » qui sont sortis du néant dans les années 80 – 90 avec la création des IUFM (instituts universitaires de formation des maîtres). Ils avaient leurs théories, pas forcément étayées de façon très sérieuse, et se sont mis à occuper des postes clés dans l’éducation. C’est un peu toujours les mêmes que l’on invite dans les médias. Je pense qu’ils sont effectivement porteurs d’une idéologie et puis surtout, ils défendent leurs thèses à eux, selon lesquelles la lecture alphabétique n’apprendrait pas bien à lire ou que la culture serait quelque chose d’élitiste et que de toute façon, qui sommes-nous pour décréter ce qui est de la culture et ce qui ne l’est pas. Tout se vaut. Les arts de la rue, ça vaut bien Zola ou Balzac. On a aussi des conseillers à l’éducation qui ne changent pas avec les ministères. Ce qui me frappe, c’est la constance des réformes, que ce soit sous la gauche et sous la droite.

Comment expliquez-vous cette constance ?
Si on regarde bien, ces réformes arrangent tout le monde. Elle font le jeu des idéologues, ces « penseurs » du système qui promeuvent leurs thèses. Mais elles font également plaisir à la gauche comme à la droite, parce qu’elles permettent des gains financiers énormes. Plus d’interdisciplinarité, cela signifie moins d’heures disciplinaires à payer. Je peux vous envoyer un emploi du temps sur lequel j’ai rayé les heures disciplinaires qui disparaissent, c’est éloquent (voir document en fin d’interview). Enfin, vis-à-vis du grand public, c’est sympathique. Je pense que c’est l’alliance de ces facteurs. Pour les partis politiques, il y a le souci que la facture de l’éducation nationale ne soit pas trop salée, et que pour l’électorat, ça passe bien. Et là, regardez la communication ministérielle, on a quelque chose de très séduisant ! Les enfants vont s’amuser ! On s’ennuyait à l’école, là, enfin, avec les activités interdisciplinaires, ce sera un enseignement beaucoup plus sympa… C’est quelque chose qui est vraiment démagogique et les politiques espèrent glaner des voix avec ça. Avec ce type de réforme, on s’inscrit dans un temps électoral au lieu de s’atteler à ce qui est le vrai problème de l’école.

De quoi s’agit-il ?
Ce sont tous ces élèves qui n’apprennent ni à lire, ni à écrire correctement à l’école primaire. Là, il faudrait vraiment mettre le paquet… Si on voulait vraiment changer quelque chose, à la fois à l’école primaire et au collège – puisque le collège est la continuité de l’école primaire -, c’est d’abord ce sur ce point qu’il faudrait insister : travailler sur l’apprentissage de l’écriture et de la lecture. Mais pas décréter qu’on apprend à lire jusqu’à 11 ou 12 ans, c’est aberrant ! Un enfant de cet âge-là qui n’a pas appris à lire, c’est très difficile pour lui. Et les instituteurs de CM ont autre chose à faire que de reprendre les bases de la lecture. Il faut que cela soit fait correctement en CP.

Le niveau de lecture chez les collégiens est-il à ce point catastrophique ?
Vous trouverez sur le site du HCE un rapport dont je vous recommande la lecture attentive des premières pages, en particulier des pages 9 et 10. Elles permettent de prendre la mesure du désastre de l’enseignement de la lecture en France. On parle souvent des 15% d’élèves qui sortent de Primaire sans maîtriser même le déchiffrage. On a l’impression qu’on a alors fait le tour de la question. Et l’on découvre ici qu’il faut y ajouter 25% d’élèves qui, s’ils déchiffrent, ont trop de lacunes en vocabulaire, en syntaxe et en culture générale pour comprendre un texte simple et être autonomes en lecture au collège. Il est facile, dans ces conditions, de pointer le collège comme « maillon faible » du système éducatif. On nous reproche de ne pas « récupérer » scolairement des élèves qui sont sortis de l’école sans savoir lire ni écrire correctement, avec seulement 4 heures et demie de Français par semaine. Ma théorie, c’est que le maillon faible du système scolaire, c’est l’école primaire. Elle ne cache la misère que grâce aux livrets de compétences qui ont remplacé les notes, mais la réalité éclate au collège dans toute sa crudité. Enfin, avec se qui se dessine, il est probable que, à défaut d’apprendre à lire aux enfants, nous parviendrons bientôt à masquer leurs difficultés au collège aussi, grâce aux EPI et à l’évaluation par compétences. Ce sera sans doute le seul apport « positif » de cette réforme.

Quel regard jetez-vous sur votre vingtaine d’années passées à enseigner ?
Ayant connu 3 grands changements de programmes, j’en tire une conclusion en forme de lapalissade : moins on fait de Français, moins les élèves maîtrisent le français. Ça vous paraîtra sans doute évident, mais il faut croire que ça ne l’est pas pour nos législateurs. Le Ministère publie sur son site des graphiques éloquents : ils ne s’interrogent pas sur le fait qu’en 2001, avec Jack Lang et les Itinéraires De Découverte, on a supprimé des heures en Français, en Maths et en Histoire-Géographie, les trois matières dont les résultats (en baisse constante) sont interrogés par ces graphiques. Et on s’apprête à refaire la même chose avec les EPI.

Evgeny Morozov : «Les technologies sont des concentrés d’idéologies»

Evgeny Morozov est un chercheur d'origine biélorusse contestant la culture anarcho-libertarienne de la Silicon Valley et le «solutionisme technologique».Evgeny Morozov (photo DR) est l’une des voix les plus critiques, et parfois féroces, à l’encontre la Silicon Valley. Après avoir questionné le pouvoir libérateur des réseaux sociaux, il s’est attaqué au «solutionnisme technologique» dans un ouvrage récent (Pour tout résoudre, cliquez ici, FYP éditions, 2014).

Les objets connectés, dits intelligents, se multiplient dans notre quotidien. Est-ce un progrès, un risque, ou les deux ?

Deux problèmes se posent : l’un concerne ce que j’appelle «l’automatisation cognitive» – soit, grosso modo, à quel point nous sommes à l’aise avec l’idée de déléguer à des machines nos pensées, intuitions et émotions. L’autre touche au rôle croissant que jouent les données personnelles – sans lesquelles nombre d’appareils et de plateforme ne seraient pas «intelligents» – dans les champs politique et économique d’aujourd’hui. De façon générale, je dois avouer que je suis un grand fan de l’automatisation. Il n’y a aucune raison pour que les humains accomplissent des tâches quotidiennes ennuyeuses qui peuvent être faites par des machines. Mais chaque citoyen devrait avoir un socle de compétences, même si ces compétences sont devenues technologiquement obsolètes. Dans certains cas l’automatisation consiste à repousser les limites de la déqualification, sauf que ce sont des capacités cognitives, intellectuelles, et bientôt peut-être émotionnelles, que nous acceptons de perdre.

De nombreux acteurs de la santé ou de l’assurance sont de plus en plus intéressés par les objets connectés. Doit-on s’en inquiéter ?

Tous ces objets personnalisés à l’extrême vont certainement achever de détruire les quelques restes de solidarité et de respect mutuel laissés par des années de dogme néolibéral. En gros, l’Etat providence, qu’on l’aime ou qu’on le déteste, présupposait un certain degré d’ignorance. La prolifération de capteurs nous permet de combler ce vide, nous donnant quantité d’informations sur les «profils risques» de la plupart des citoyens. Si je sais que ma santé est bien meilleure que celle de mon voisin, pourquoi subventionnerais-je son mode de vie pas très sain ? Ces questions sont au cœur de la transformation de l’Etat providence. Les appareils connectés, aussi excitants soient-ils, ouvrent une voie encore plus sinistre : une montre connectée ne va pas transformer une assurance en œuvre de charité. Tout le monde ne pourra pas obtenir des réductions – quelqu’un va donc devoir payer plus. Et je suis presque sûr que ces gens-là seront les pauvres, les gens malades, les plus vulnérables.

A quel point ces objets peuvent-ils modifier votre comportement ? Comment imaginez-vous notre futur en tant que «corps connectés» ?

Pour le dire très simplement, ces objets remplissent le vide laissé par la défaite des mouvements politiques radicaux ces dernières années. La pression sur les individus ne cesse d’augmenter, que ce soit en termes d’apparence et de santé – on doit tous avoir l’air de vivre en Californie ! – ou de temps et de salaire – faire toujours plus, avec toujours moins. Comment peut-on gérer cette pression ? On y répondait habituellement via un processus politique, en limitant le temps de travail ou en revendiquant des soins médicaux gratuits ou presque. Tout ça touche à sa fin, alors que la pression continue d’augmenter.

La technologie joue désormais un rôle magique : elle nous aide à reprendre possession de nos existences colonisées par le néolibéralisme. On s’entoure donc de gadgets magiques, qui passeront commande au supermarché quand il n’y aura plus de lait dans le frigo, pour gagner quinze minutes de temps libre, qui – ô ironie ! – seront certainement consacrées à répondre à des mails pro.

Quelles sont les implications de cette «quantification de la vie» ?

On vit dans une période très confuse, caractérisée par ce que j’aime appeler «l’asymétrie épistémique» : les citoyens sont entièrement transparents, quantifiables, tandis que les institutions sont plus opaques que jamais. Quand on parle de «quantification de la vie», on doit donc avoir en tête qu’un seul élément du système politique – le citoyen – est «quantifié».

Répétons-le : il s’agit d’un type de politique qui s’accommode plutôt bien du paradigme néolibéral et de ses débats infinis sur la responsabilisation de l’individu. C’est le genre de discours qui ignore les structures et les hiérarchies du pouvoir, pour la simple et bonne raison qu’il ne peut pas – ou ne veut pas – les voir. Cette alliance tactique entre les limitations épistémiques du big data et les transformations politiques du néolibéralisme représente l’une des plus grandes menaces à la démocratie aujourd’hui.

Comment les utilisateurs peuvent-ils tirer profit de ces technologies sans être eux-mêmes dépassés ? Comment peuvent-ils rester maîtres ?

Je soutiens depuis toujours que les technologies, dans un certain sens, sont des concentrés d’idéologies politiques. Prenez n’importe quel gadget de la Silicon Valley et vous verrez l’ensemble des présomptions qu’il contient sur le citoyen, le régime politique et plus largement sur la vie publique. Rien ne se produira tant que nous ne serons pas prêts à questionner le rôle de la Silicon Valley lorsqu’elle fournit des services qui relevaient traditionnellement de l’Etat. N’est-il pas évident que sans changement radical, Google fournira dans dix ans des services bancaires, des systèmes de santé et d’éducation ? Pour moi, c’est limpide.

On ne peut pas se permettre de déléguer les questions relevant de la technologie au seul marché, de les gérer comme de simples consommateurs. Non, il faut traiter la technologie de la même façon que la monnaie : c’est l’une des puissances centrales qui organise la vie moderne. Un pays qui abandonne sa capacité souveraine à fabriquer et organiser les technologies court plus ou moins le même risque qu’un pays abandonnant sa capacité à frapper et organiser sa propre monnaie.

Recueilli par Amaelle GUITON et Pierre ALONSO

L’APLV contre la réforme du collège

Reconnaissant avoir été entendue sur les horaires de l’enseignement des langues vivantes, l’Association des professeurs de langues vivantes (APLV) demeure néanmoins opposée à la réforme du collège. « L’horaire de LV1 en classe de 6ème est maintenu à 4 heures hebdomadaires (contre 3 envisagées) et l’horaire de LV2 est porté à 2 heures 30 (contre 2) pour chacune des trois années d’enseignement, de la 5ème à la 3ème. Nous nous réjouissons de ces évolutions, mais plusieurs sujets d’inquiétude demeurent. En termes d’efficacité, 2 heures 30 hebdomadaires ne sauraient suffire, surtout lors de la première année d’apprentissage d’une langue ». L’APLP pose aussi la question de la suppression des classes bilangues nécessaires au maintien de certaines LV2.

« En outre, l’APLV déplore que le projet de réforme fasse toujours le silence le plus total sur la formation en langues étrangères des professeurs des écoles, qui ont la charge d’enseigner une langue appelée à devenir la LV1 des élèves. Tant que les professeurs de LV1 en 6ème ne pourront pas s’appuyer en toute confiance sur un enseignement efficace dispensé par des spécialistes bien formés, les inégalités entre apprenants, classes et collèges perdureront. »

L’APLV jette aussi un regard négatif sur les nouveaux programmes.  » Si ce projet laisse une très grande liberté aux enseignants de langues vivantes avec une part importante vouée à l’interdisciplinarité, il inscrit aussi la réalisation de celle-ci dans un cadre défini localement pour l’utilisation des moyens octroyés par la tutelle de l’établissement. La nécessité d’une formation des enseignants du primaire comme du secondaire, avec en particulier la problématique de la continuité entre le CM2 et la 6ème, semble tout simplement ignorée et ne saurait en aucun cas être assurée au coup par coup en fonction de la disponibilité d’éventuelles ressources humaines locales ».

Communiqué

Les droits des trans soutenus par une résolution votée au conseil de l’Europe

Le Conseil de l’Europe vient d’adopter une résolution dénonçant les discriminations à l’encontre des personnes trans !

Le Conseil de l’Europe, c’est quoi ?

Petit piqûre de rappel : le Conseil de l’Europe (à ne pas confondre avec le Conseil de l’Union Européenne ni le Conseil Européen) est une organisation intergouvernementale qui compte quarante-sept États membres. La France en fait bien évidemment partie, tout comme des pays pas très portés sur les droits des personnes LGBT, comme par exemple la Russie.

Depuis 1949, le Conseil de l’Europe a pour objectif de promouvoir les droits de l’Homme sur le continent européen. Par exemple, la Cour Européenne des Droits de l’Homme, dont on entend souvent parler aux infos, c’est le Conseil de l’Europe qui la gère. C’est également lui qui a rédigé la Convention Européenne des Droits de l’Homme, en 1953.

Deuxième rappel : une résolution, c’est quand une institution souhaite rendre publique son opinion sur un sujet en particulier — ici les discriminations à l’encontre des personnes trans en Europe.

Une résolution qui reconnaît et dénonce la transphobie

Une résolution sans précédent s’est votée à 68 voix contre 23, et 12 abstentions : elle dénonce les ravages de la transphobie, soit les discriminations envers les personnes trans. Six des huit parlementaires français présents ont voté en sa faveur (cinq du groupe Socialiste, Républicain et Citoyen, une de l’UMP) ; les deux autres (UMP) se sont abstenus.

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Dans Orange is the new Black, le personnage de Sophia, une femme trans (tout comme l’actrice qui l’incarne, Laverne Cox), a du mal à avoir accès aux hormones qui lui sont pourtant nécessaires.

Que cette organisation internationale décide de véhiculer un dialogue à propos des trans, c’est une étape historique vers plus de reconnaissance. Et logiquement, une reconnaissance au niveau institutionnel, c’est un pas (discret) vers l’acceptation sociale. Comme l’explique à Yagg Clémence Zamora Cruz, porte-parole de l’inter-LGBT, présente lors des discussions du Conseil de l’Europe et qui a témoigné devant les votants :

« Cette résolution est un moyen d’interpeller les États pour qu’ils mettent en place un cadre légal explicite contre la transphobie, avec des mécanismes spécifiques pour répondre aux discours et aux crimes de haine contre les personnes trans. »

La transphobie en quelques chiffres tragiques

Lorsque le genre annoncé sur les papiers d’identité d’une personne ne correspond pas à son apparence, l’accès à l’emploi ou aux services de santé peut s’avérer compliqué. Ce n’est qu’une des nombreuses formes de discrimination auxquelles sont confrontées les personnes trans dans la sphère sociale : harcèlement, violence physique et psychologique…

Rappelons que pour toutes ces raisons alarmantes, les tentatives de suicides sont huit fois plus nombreuses que la moyenne chez les jeunes trans. Près d’une personne trans sur deux essayera de se suicider.

Penses-tu que ce vote aura une véritable répercussion sur les décisions prises par les institutions européennes ? Qu’est-ce que notre gouvernement peut faire pour amener un dialogue utile et bienveillant autour de la transidentité ?

Appel commun : « Migrants en Méditerranée, 32 organisations à travers l’UE en appellent au Conseil européen »

Appel de 32 organisations, dont laLDH, adressé au Conseil européen concernant lesmigrants en Méditerranée.Migrants en Méditerranée,
32 organisations à travers l’UE en appellent au Conseil européen

Bruxelles, le 22 avril 2015

Les organisations signataires ont pris connaissance avec consternation des décisions adoptées ce lundi 20 avril par le Conseil des ministres de l’UE.

A l’exception d’un engagement réaffirmé de faciliter la réinstallation de réfugiés et de développer les initiatives de relocalisation, le Conseil s’enferme dans une rhétorique qui non seulement a apporté la démonstration de son inefficacité mais conduit à des drames humains croissants aux frontières maritimes de l’Europe. Devant les tentatives des migrants de sauver leur vie et leur liberté en tentant d’atteindre l’Europe, parce que c’est la terre d’asile la plus proche d’eux, on attendait des ministres des États membres qu’ils prennent des mesures d’urgence. Le seul objectif qui vaille, dans ces circonstances, c’est d’assurer l’acheminement sécurisé de ces exilés.

Mais, témoignant d’un entêtement aveugle, le Conseil des ministres en a décidé autrement. Non seulement, les moyens de Frontex seront, une fois de plus, accrus mais les pays tiers, voisins de la Libye seront mis à contribution. En somme, les réfugiés érythréens, soudanais, syriens, notamment, n’auraient pas leur place sur notre territoire…

Nos organisations estiment que, ce faisant, l’Union européenne engagerait explicitement sa responsabilité dans les disparitions de migrants en Méditerranée. C’est pourquoi elles en appellent au Conseil européen qui se réunit le 23 avril.

Elles attendent du Conseil européen qu’il renoue avec l’engagement qui, il y a un peu plus de quinze ans, avait ouvert la voie à « une Union européenne ouverte et sûre, pleinement attachée au respect des obligations de la Convention de Genève sur les réfugiés et des autres instruments pertinents en matière de droits de l’homme, et capable de répondre aux besoins humanitaires sur la base de la solidarité ».

L’Union européenne n’a pas d’alternative, sinon affronter la réalité : des milliers d’exilés ont impérativement besoin de trouver un abri. En vertu de son histoire, en application des principes sur lesquels elle a fondé sa construction, en respect de ses engagements internationaux, l’UE se doit non seulement de les accueillir mais de mettre en œuvre toutes les mesures utiles pour sécuriser leur voyage vers nos frontières. Cela suppose, au-delà du nécessaire devoir de sauvetage de celles et ceux qui sont contraints de prendre des risques inouïs pour traverser la Méditerranée, de prévoir l’ouverture de voies légales de migration pour leur éviter d’avoir à mettre leurs vies en danger.

Il appartient au Conseil européen d’en décider ainsi. Les organisations signataires lui en font la demande expresse.

Signataires :

Action Luxembourg Ouvert et Solidaire – Ligue des Droits de l’Homme (ALOS – LDH)

Asociación Pro Derechos Humanos de Andalucía (APDHA)
Association de Soutien aux Travailleurs Immigrés – Luxembourg (ASTI)

Association Européenne pour la défense des Droits de l’Homme (AEDH)

Associazione Di Promozione Sociale (ARCI)

Borderline Europe

Centre de Recherche et d’Information pour le développement (CRID)

Enda Europe

European Federation of National Organisations Working with Homeless People (FEANTASA)

Fédération des Associations de Solidarité avec Tou-te-s les Immigré-e-s (FASTI)
FIDH (Fédération Internationale des Droits de l’Homme)
Fondation France-Libertés
Forum des Organisations de Solidarité Internationale issues des Migrations (FORIM)
France Amérique Latine (FAL)
Groupe d’Information et de Soutien des Immigré.e.s – France (GISTI)
Institut de Drets Humans de Catalunya (IDHC)
International Catholic Migration Commission (ICMC)
KISA – Action for Equality, Support, Antiracism
Le Mouvement de la Paix – France

Le Syndicat de la magistrature – France
Lega Italiana Dei Diritti Dell’ Uomo (LIDU)
Liga Voor de Rechten van de Mens (LVRM)

Liga voor Mensenrechten (LVM)

Ligue des droits de l’Homme – Belgique (LDH)

Ligue des droits de l’Homme – France (LDH)

Ligue Hellénique des droits de l’homme (LHDH)

Ligue Suisse des droits de l’Homme – section Genève (LSDH)

Malta Association of Human Rights (MAHR)

Migreurop

Österreichische Liga Für Menschenrechte – OLFM

Réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme (REMDH)
Solidar

Lettre ouverte du REMDH : « Plus d’alibi » pour les décès en mer : changer les politiques, sauvez des vies !

LETTRE OUVERTE AUX CHEFS D’ÉTAT ET DE GOUVERNEMENT DE L’UE

« Plus d’alibi » pour les décès en mer : 
changer les politiques, sauvez des vies !

À la veille du sommet extraordinaire de l’UE du 23 avril 2015, le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH) exhorte les 28 chefs d’État et de gouvernement à reconsidérer de toute urgence les mesures proposées pour remédier à la crise humanitaire en Méditerranée. Le REMDH appelle les dirigeants européens à concentrer leurs efforts sur le respect des droits humains et non à axer leurs actions sur la surveillance, la collecte de renseignements et le contrôle aux frontières. La protection des personnes migrantes et réfugiées se doit d’être au cœur de leurs préoccupations.

Face à ce contexte tragique, le REMDH regrette profondément que le plan en dix points soutenu par le Conseil conjoint des Affaires étrangères et Affaires intérieures ne reflète que l’obstination de l’UE à aborder les défis migratoires au prisme du renforcement de la sécurité et des contrôles aux frontières. Le refus  de l’UE de tenir compte des  causes réelles à l’origine des flux migratoires est particulièrement inquiétant. Le plan proposé n’est d’ailleurs qu’une réplique du plan inadapté appliqué à la suite du naufrage d’octobre 2013 au large de Lampedusa.

Le REMDH exhorte les membres du Conseil de l’UE à saisir l’occasion de ce sommet extraordinaire pour réagir à une crise d’une magnitude sans précédent en proposant une réponse de la même amplitude  pour  relever les défis migratoires. Il est urgent que les dirigeants européens prennent des mesures concrètes et conformes aux principes affichés de l’U.E. au lieu de politiques qui  sont directement responsables d’une Méditerranée devenue le cimetière de milliers d’innocents.

Depuis le début de l’année 2015, plus de 1800 personnes sont décédées ou ont été portées disparues dans la Méditerranée. Les estimations sont sans doute en deçà des chiffres réels et s’ajoutent au nombre tristement record de 3200 personnes qui ont perdu la vie en mer en 2014 (selon l’OIM). Si ces tragédies ne sont, malheureusement, pas un phénomène nouveau, leur ampleur est croissante.

Au cours des quinze dernières années, le REMDH et d’autres organisations de la société civile n’ont eu de cesse d’exprimer, à l’appui d’analyses documentées, leurs préoccupations auprès des dirigeants de l’UE quant à l’impact des politiques migratoires de l’UE sur les droits des personnes migrantes et des réfugiées tant au sein de l’UE – y compris à ses frontières extérieures – qu’au-delà.

Dans ce contexte, le REMDH demande instamment aux dirigeants de l’UE de :

  • mettre en place des mécanismes de recherche et de sauvetage solides au niveau national, au lieu de renforcer les capacités de Frontex, qui n’est pas une agence de sauvetage en mer. L’UE devrait de toute urgence accorder la priorité aux tâches de recherche et de sauvetage, plutôt qu’à la surveillance, et soutenir financièrement et techniquement les instances compétentes de sauvetage en mer dans tous les pays de l’UE concernés ;
  • ouvrir des voies de circulation légales et mettre fin à la politique de visas de courts séjour, ainsi que garantir aux réfugiés leur accès au territoire européen afin d’examiner leur situation individuelle. Le REMDH insiste sur le fait que les passeurs ne sont pas la cause, mais plutôt la conséquence de l’impossibilité pour les personnes migrantes et réfugiées d’accéder au territoire de l’UE. Se voyant refuser le droit de quitter tout pays, y compris le leur, d’une manière sûre, ces personnes sont laissées sans autre choix que d’utiliser la route méditerranéenne. Les dirigeants de l’UE devraient dès lors reconnaître que la vulnérabilité des personnes migrantes et réfugiées aux abus, aux traitements inhumains et dégradants durant leur parcours est le résultat direct des choix politiques émanant de leurs pays respectifs ;
  • répondre immédiatement aux besoins de réinstallation des personnes réfugiées qui ont fui des situations de conflit dans la région sud et est de la Méditerranée ainsi qu’en Afrique sub-saharienne, et ainsi d’honorer les engagements de réinstallations pris lors des conférences du HCR, en particulier concernant la crise syrienne. Un projet pilote tel que proposé par l’UE est insuffisant ;
  • cesser de conditionner l’accès à la mobilité en UE pour les ressortissants non européens  à la signature d’accords de réadmission avec leur pays d’origine ;
  • cesser de considérer la migration comme une menace sécuritaire ce qui alimente les politiques discriminatoires qui empêchent les personnes de circuler, favorise les trafics d’êtres humains et contrevient au droit international. À ce jour, de nombreux pays tiers pénalisent l’émigration non autorisée, en violation du droit de quitter tout pays, droit à force contraignante au niveau international.  L’UE doit cesser d’utiliser la coopération extérieure – et notamment les officiers de liaison immigration – comme moyen de renforcer les contrôles aux frontières qui entravent trop souvent le droit de quitter tout pays y compris le sien, ainsi que le droit de demander l’asile dans de nombreux cas.

Le REMDH déplore ces milliers de morts qui auraient pu, qui auraient dû être évitées, et rappelle qu’il revient aux décideurs européens de ne pas se contenter d’exprimer un intérêt de pure forme pour les défis migratoires, mais bien de les relever à l’aide de mesures concrètes, dans l’intérêt des hommes, des femmes et des enfants qui risquent sinon de connaître le même sort en traversant la Méditerranée.

[infocom-ldh] Analyse D. Guibert : « La Méditerranée, une mer cruelle ? A moins de confondre causes et conséquences »

Vous trouverez ci-dessous une analyse de Dominique Guibert, président de l’Association européenne de défense des droits de l’Homme (AEDH), introduisant le rapport de l’association andalouse de défense des droits de l’Homme APDHA ci-joint, sur la frontière sud de l’Europe.

—————————————La Méditerranée, une mer cruelle ? A moins de confondre causes et  conséquences

Dominique Guibert, président de l’Association européenne de défense des droits de l’Homme (AEDH)

En moins d’un an, plus de trois milles migrants sont morts en mer Méditerranée et dans l’Union européenne tandis que les demandes d’asile ont augmenté de 24% entre les premiers semestres 2013 et 2014. Le langage politique repris par les medias fait des raccourcis qui effacent finalement la réalité. On insiste sur les risques que courent les migrants qui se lancent dans une mer dangereuse sur des embarcations de fortune. Et on cache ainsi la réalité. Tout d’abord, parce que la migration est présentée comme une décision individuelle, comme s’il ne s’agissait pas d’une contrainte subie. Et ensuite, parce que les causes et les conséquences sont confondues, comme si la décision politique n’était pas responsable de l’augmentation de ces risques. Le remarquable travail réalisé par l’APDHA remet les choses à leur place : si la Méditerranée s’est convertie, comme le formule l’APDHA, en une « énorme fosse commune », c’est parce que les politiques développées par l’Union européenne et par les Etats membres visent à fermer hermétiquement les frontières d’un espace considéré par les migrants comme leur unique espoir de survie.

Lire la suite [infocom-ldh] Analyse D. Guibert : « La Méditerranée, une mer cruelle ? A moins de confondre causes et conséquences »

Naufrages en Méditerranée : rassemblement mercredi soir 18h à Nantes

Collectif nantais « Uni-e-s Contre une Immigration Jetable »

HONTE A NOTRE HUMANITE

HONTE A L’EUROPE

Un bateau avec à son bord plus de 800 migrants vient de chavirer en Méditerranée. Seules 28 personnes auraient été sauvées selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR). Ce naufrage fait suite à plusieurs autres naufrages intervenus ces dernières semaines. Quelques 450 migrants sont morts ou disparus lors de deux précédents survenus en moins d’une semaine.
Avec la plus grande hypocrisie, l’Union Européenne s’est dite « profondément affectée » par ce nouveau naufrage et multiplie les sommets de ses dirigeants pour prendre des mesures. A ce jour, celles-ci visent principalement à défendre une Europe barricadée et hostile aux migrants. Les frontières de l’Europe sont devenues infranchissables pour la plupart des citoyens du Monde en raison d’une politique discriminatoire d’attribution des visas. Le droit de quitter son pays pour assurer son existence est ainsi constamment bafoué. Ainsi, l’opération Triton n’est pas une opération de sauvetage en mer comme le prétend  régulièrement l’agence Frontex qui la met en œuvre. C’est une opération répressive qui vise à empêcher les migrants d’atteindre les côtes européennes et les oblige à emprunter des voies de plus en plus dangereuses, au péril de leur vie.

Cela fait plus de vingt ans que des migrants meurent à cause d’une politique migratoire répressive de contrôle des entrées sur le territoire européen. Dans les semaines qui viennent, nul doute que des femmes, des hommes, des enfants poussés hors de chez eux par la guerre, la famine, les mauvaises conditions de vie, plus globalement l’insécurité politique et économique, tenteront d’atteindre les terres européennes. Les responsables politiques européens sont aujourd‘hui devant leurs responsabilités,  ils doivent immédiatement mettre en œuvre les moyens d’éviter de tels drames.

Ces moyens existent ! Nos associations, ainsi que de nombreux chercheurs, proposent une alternative simple pour protéger les migrants, respecter le droit d’asile et lutter contre le trafic d’êtres humains: la liberté de circulation !

Rassemblement mercredi  22 avril  2015, 18 heures,

Passerelle Victor Schoelcher, en face au palais de Justice

 

Collectif nantais UCIJ : AC !, ALFA Femmes algériennes, Association France Palestine Solidarité (AFPS), CGT 44, Cimade, Collectif Enfants Etrangers Citoyens Solidaires-RESF 44, CSF, DAL 44, Ensemble ! 44, Europe Ecologie – Les Verts (EELV), FSU,  Gasprom-Asti, LDH, Le Parti de Gauche 44, MRAP, NPA, PCF, RUSF 44, SAF, Solidaires, Tous solidaires-Châteaubriant.

Les profs français champions de la baisse des salaires…

… et ça continue avec la Ministre de la Décentralisation et de la Fonction Publique, Marylise Lebranchu !!!
Regardez votre bulletin de salaire de décembre 2014, vous devriez voir une ligne au nom de code 200489 « Indemnité exceptionnelle solde » pour ceux et celles recrutés avant le 1er janvier 1998.
Le montant de cette prime varie selon le salaire et les primes perçues (heures supplémentaires par exemple). Elle apparait sur les bulletins de salaire chaque mois ou en un versement en décembre.
Le 13 avril, la Ministre a annoncé la suppression de l’indemnité compensatrice de laCSG versée aux fonctionnaires depuis dix-huit ans.  » Créée il y a 18 ans, cette prime visait à compenser la perte de pouvoir d’achat des fonctionnaires lors de l’élargissement de l’assiette de laCSG et de la substitutionCSG / cotisation d’assurance maladie », rappelle M.Lebranchu. « Cette prime a aujourd’hui perdu sa vocation de compensation de perte de pouvoir d’achat et elle est devenue inéquitable puisque seuls les fonctionnaires recrutés avant le 1er janvier 1998 peuvent en bénéficier », estime-t-elle.  » Pour 710 000 agents, elle sera supprimée progressivement, au fil des avancements, pour éviter des pertes de salaire mensuel. En tenant compte du rythme des avancements, on estime qu’elle sera complètement supprimée avant la fin 2017, générant une économie de 500 millions d’euros ». Les agents de catégories C les moins bien rémunérés, dont le traitement est inférieur à 1852 euros bruts par mois, seront exemptés du dispositif.Financer sa politique salariale en supprimant des avantages sociaux est déjà une démarche originale. Mais pour les enseignants, qui sont les fonctionnaires les plus touchés par le blocage du point Fonction publique du fait de la faiblesse des primes, la mesure annule en partie un prochain changement d’échelon. Elle signifie que les professeurs sont condamnés à voir stagner ou décroitre leur salaire. Sur le Figaro, un professeur des écoles résume bien sa situation. « J’ai eu  cette prime faramineuse l’année dernière :10€ pour l’année. Dans le même temps, mon traitement diminue d’année en année depuis 2010 ».  De quoi à coup sûr rendre le métier attractif…

Alors ? Elle n’est pas belle la vie ?

Fin de lecture, reprenez votre rythme de vacances sereinement.

Web-lettre de L’École Émancipée


Web-Lettre envoyée le dimanche 19 avril 2015

Voici les articles publiés sur le site L’École Émancipée depuis 3 semaines

La ministre s’enferre et déclenche la colère

18 avril 2015

Quelques éléments concernant le contenu de la réforme du collège et des mobilisations à venir…

Un beau neuf de Pâques (laïque)

18 avril 2015

Le résultat lamentable des élections départementales n’empêche pas le gouvernement de poursuivre ses bassesœuvres de libéralisation à tout crin. Contre vents et marées, celui-ci persiste et signe : loi Macron renforcée, préparation d’un deuxième texte,… Le projet de loi sur le renseignement en cours de (…)

Projets de programmes au collège : premiers décryptages

18 avril 2015

Ces programmes doivent évidemment être considérés à la lueur de la réforme du collège, ce qui laisse présager de nombreuses inégalités dans le traitement du contenu affiché. Par ailleurs, il est difficile d’apprécier de façon positive un élément de cette réforme que nous rejetons (…)

Lettre du GD 69-42 : avril 2015

10 avril 2015

Statuts des enseignants du second degré : la directionUA duSNES s’est fourvoyée ! Lire la suite dans le fichier joint.

Bulletin n°100 du GD 76-27 Avril 2015 (Académie de Rouen)

5 avril 2015

Cliquez ici pourtélécharger le bulletin Collèges de l’Académie, « déshabiller Pierre pour habiller…. » Après les départementales, construisons le troisième tour dans la rue le 9 avril ! Pétition : Réforme du collège, HORS SUJET ! Pétition :Réunionite, hiérarchies intermédiaires… c’est NON ! Carte (…)

SEGPA : chronique d’un démantèlement espéré.

1er avril 2015

Après avoir envoyé aux organisations syndicales le projet de circulaireSEGPA, le ministère les a reçues mardi en groupe de travail espérant boucler le dossier rapidement. Mais le projet n’a pas l’assentiment de la majorité d’entre (…)

Un attentat aux libertés Par Edwy Plenel – Mediapart.fr

18 avril 2015 | Par Edwy Plenel – Mediapart.fr

Le projet de loi relatif au renseignement, dont le vote final est prévu le 5 mai, instaure une surveillance généralisée de la population, sans contrôles efficaces ni contre-pouvoirs forts. Comme l’ensemble des défenseurs des libertés, des associations et professions concernées, des autorités administratives impliquées, des acteurs de la révolution numérique, Mediapart dit non à cette loi scélérate. Et vous donne rendez-vous en ligne lundi 4 mai pour une journée de mobilisation.

Un attentat à nos libertés fondamentales est en cours. Ses auteurs sont ceux qui nous gouvernent, tous embarqués aux côtés de l’auteur principal, le premier ministre, jusqu’à celle qui devrait protéger nos droits et nos libertés, la garde des Sceaux, dont le profond silence vaut approbation. Leurs complices sont ceux qui nous représentent, droite et gauche confondues, empressés, à quelques rares et courageuses exceptions, d’approuver ce crime officiel, au point de l’aggraver par leur zèle législatif.

Des amendements cosmétiques n’y changeront rien : cette loi instaure une société de surveillance généralisée. Profitant des potentialités techniques de la révolution numérique et des opportunités politiques de l’émotion sécuritaire, elle autorise l’État profond, cette part d’ombre du pouvoir exécutif qui, à l’abri du secret-défense, n’a pas de visage et ne rend jamais de compte, à espionner tout un chacun, n’importe qui, n’importe quand, n’importe où.

L’avènement de cette loi signifiera qu’en France, désormais, de façon légale, l’État de police l’emportera sur l’État de droit. Que le pouvoir en place pourra faire surveiller des citoyens et leurs entourages sans restrictions solides, sans contrôles indépendants, sans autorisations judiciaires. Que le soupçon remplacera la preuve. Que des opinions deviendront des délits. Que des fréquentations s’avéreront coupables. Que des curiosités se révéleront dangereuses. Que des différences ou des dissidences à l’égard des pensées dominantes ou des politiques officielles seront potentiellement criminelles.

Il suffit de lire l’avis circonstancié que vient de rendre à l’unanimité la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) pour en être convaincu (il est ici sur Mediapart). De ne pas se laisser rebuter par sa longueur ni par son juridisme pour entendre l’alarme inquiète qui l’habite derrière son langage précautionneux. Ce texte fait litière radicale de la vulgate gouvernementale selon lequel ce projet de loi, d’une part, donnerait enfin un cadre légal respectable aux activités occultes des services de renseignement et, d’autre part, instaurerait un contrôle efficace de ces mêmes activités.

D’emblée, la CNCDH souligne au contraire que la façon dont ce projet de loi a surgi en dément totalement les intentions vertueuses proclamées. Elle souligne que ce texte est passé en conseil des ministres « à peine deux mois » après les crimes terroristes de janvier et « quelques jours seulement avant la tenue d’élections cantonales dont la campagne a été marquée par une forte présence du populisme et de l’extrémisme ». Qu’il a, de plus, été élaboré quelques mois après l’entrée en vigueur d’une énième loi antiterroriste, « consécutive à l’affaire Nemmouche », elle-même faisant suite à deux autres lois antiterroristes récentes, « consécutives, elles, à l’affaire Merah ».

Tandis que chômage, précarité, insécurités sociales et injustices économiques, mal-vivre et mal-être sont relégués en fond de décor de la notre vie publique, sans urgences ni priorités de nos gouvernants, plus de vingt-cinq lois relatives à la sécurité intérieure ont été adoptées ces quinze dernières années, entre 1999 et 2014. Déplorant « cette prolifération de textes législatifs relevant davantage de l’opportunité politique que du travail législatif réfléchi », la CNCDH « rappelle l’importance d’une politique pénale et de sécurité pensée, cohérente, stable et lisible, dont la qualité ne se mesure pas à son degré de réactivité aux faits divers et aux circonstances du moment ».

Traduite par la procédure accélérée imposée par le gouvernement, la « plus grande précipitation » a été voulue pour ce projet de loi, selon les mots de la CNCDH qui rappelle sa « ferme opposition » à cette procédure. Aucune urgence effective ne la justifie. C’est en fait une arme de pouvoir, un moyen de faire taire les oppositions, de prendre de court les protestations, d’entraver le fonctionnement normal du Parlement, de restreindre « considérablement le temps de réflexion et de maturation nécessaire au débat démocratique ».

Cette procédure arbitraire dévoile l’intention de ses promoteurs : jouer sur l’émotion pour imposer la régression. Le pouvoir exécutif réclame un chèque en blanc pour l’État profond, de surveillance et de police, sans expertise ni bilan, sans critique ni autocritique. Aucun débat préalable, aucune enquête parlementaire, aucune audition contradictoire pour évaluer les récents fiascos sécuritaires des services chargés de la lutte antiterroriste, alors même que les itinéraires de Merah, de Koulibali et des frères Kouachi le justifieraient amplement, révélant des failles de surveillance et des manques de vigilance.

Pis, la CNCDH relève « la pauvreté » de l’étude d’impact qui accompagne le projet de loi, son caractère succinct, ses formulations vagues, sa façon de procéder « par simple affirmation en s’exonérant de toute référence documentaire ». Car cette loi n’est pas seulement un mauvais coup, elle est aussi de mauvaise qualité, mal rédigée, imprécise ou incomplète. Voulu, ce flou cache évidemment mille loups : c’est un moyen d’échapper à l’exigence d’extrême précision pour toute disposition permettant de porter atteinte au droit au secret privé et familial, une ruse pour ne pas se plier à l’encadrement rigoureux d’un pouvoir de surveillance qui, toujours, s’accompagne du risque de l’arbitraire.

Lire la suite Un attentat aux libertés Par Edwy Plenel – Mediapart.fr

GREVE le 19 mai contre le projet de réforme du collège

http://www.snes.edu/Contre-la-reforme-du-college.html
http://www.snepfsu.net/actualite/com2p/20150416.php
http://www.snalc.fr/national/article/1391/
http://www.sudeducation.org/Greve-le-19-mai-contre-la-reforme.html
http://www.unsen.cgt.fr/actualit-mainmenu-352/1812-reforme-du-college-appel-intersyndical-a-la-greve-le-19-mai-2015
http://www.fo-snfolc.fr/Greve-le-19-mai-pour-le-retrait-de,1505

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