Concours : menaces sur la lente reprise des candidatures

« Cette année encore, la session n’a pas permis de pourvoir l’ensemble des postes ouverts aux concours externes ». On le savait mais deux Notes de la Depp, la division des études du ministère, apportent un éclairage historique à la crise du recrutement qui touche le premier et le second degré. Pourtant l’élan est réel depuis la reprise du recrutement en 2012 et le nombre de candidats augmente. Mais celui des postes aussi. Dans cette course, l’Education nationale perd des plumes. On peut s’interroger sur l’avenir du redressement initié depuis 5 ans.

Inégalités entre les disciplines au second degré

Aux concours du second degré 2016, 13% des postes n’ont pu être dotés, rappelle la Depp dans une nouvelle Note. Si l’on retient que les postes mis aux concours externes, 44 846 candidats se sont inscrits mais finalement seulement 11 454 ont été admis pour 13 170 postes proposés.


Le nombre de candidats a pourtant augmenté depuis 2012 passant de moins de 30 000 à 45 000. Mais le nombre de postes proposés augmente aussi : 8000 en 2012, 13 000 en 2016. Le nombre de candidats augmente juste au même rythme que celui des candidatures et l’écart entre les deux se maintient. Globalement on a toujours 3 candidats pour un admis.

Si on regarde en détail, on note de fortes variations entre les disciplines. En maths 6106 personnes se sont inscrites pour 1540 postes. Mais seulement 2732 étaient présentes et 1234 admises. En lettres modernes les 3881 inscrits n’ont donné lieu qu’à 1120 admis là où il y avait 1357 postes. Déficit aussi en anglais avec 1134 admis pour 1304 postes. Certaines disciplines connaissent l’inverse : en EPS on a 3442 présents pour 820 postes.

Inégalités régionales dans le premier

Dans le premier degré aussi tous les postes n’ont pas été pourvus en 2016. 600 postes sont restés vacants pour 13 000 postes proposés. On constate là aussi la forte reprise des candidatures (moins de 20 000 en 2012, plus de 30 000 en 2016) mais l’évolution du nombre de postes est plus rapide encore.


Dans le premier degré, la différence est surtout régionale. Les concours sont académiques et deux académies ont des besoins immenses et une population avec un bagage scolaire plus faible qu’ailleurs. En 2016 Créteil recrutait 1745 postes et Versailles 1725. Dans les deux cas on a eu à peine plus que 2000 présents. Même avec une seuil d’admission assez bas (7.5 à Créteil), tous les postes n’ont pu être pourvus. A Créteil on a compté 1321 admis pour 1745 postes. Le concours spécial dit de Créteil a apporté 500 postes supplémentaires.

Un phénomène mondial

Comment expliquer cette crise du recrutement ? On sait que les salaires enseignants , même revalorisés, restent faibles, les conditions de travail et les perspectives de carrière médiocres. Mais il faut ajouter que cette situation est générale dans les pays développés.

Partout, sous la poussée du New Public Management, on augmenté la professionnalisation des enseignants, relevé les conditions de diplôme et partout la pénurie est apparue. La crise est plutôt plus faible en France que chez nos voisins où on peut compter par exemple 10 fois plus de démissions.

La rentrée et après…

Ces données de la Depp sortent alors que les Dasen mettent un point presque final à la rentrée. En septembre 2017, il y aura beaucoup d’enseignants en plus dans les écoles et les établissements. Les 13 170 nouveaux professeurs du second degré admis en 2016 seront dans les classes à la rentrée avec les 11 858 nouveaux professeurs des écoles. Mais il y en aura moins qu’espéré.

Le pire est pourtant pour après. Le candidat Macron a prévu 2000 nouveaux postes seulement pour son quinquennat. L’effort fait pour redresser le nombre de candidatures pourrait bien se perdre dans la baisse du nombre de postes proposés dès la session 2018.

Note Depp 1er degré

Note Depp 2d degré

Suède, Angleterre, Pays Bas

L’échec des concours réservés

La crise du recrutement s’aggrave dans le 1er degré

2d degré la crise du recrutement

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